(Reportage) L’histoire de José* et Maria*, devenus sans papiers du jour au lendemain

Caritas International Belgique (Reportage) L’histoire de José* et Maria*, devenus sans papiers du jour au lendemain

Coraline, assistante sociale au service social (CAP Brabantia – Antenne Caritas International), avec José* et Maria* - Caritas 2021

Coraline, assistante sociale au service social (CAP Brabantia – Antenne Caritas International), avec José* et Maria* - Caritas 2021

09/07/2021

Chaque jour, des hommes et des femmes, seul-e-s ou en famille, franchissent la porte de notre service social. Derrière chaque visage, des histoires, des questionnements et des espoirs. Parmi ces personnes se trouvent José* et Maria*, qui ont fui les violences dans leur pays d’origine et ont déposé une demande de protection internationale (asile) en Belgique. Après deux ans de procédure, leur demande a été refusée. Pourtant, il leur est inconcevable de retourner dans leur pays d’origine, où ils risquent leur vie. Une seule solution s’offre à eux : faire une demande de régularisation de leur séjour sur base humanitaire et entre temps, vivre sans papiers, dans la débrouille. Comment savoir si leur dossier sera accepté et leur situation régularisée ? C’est une grande inconnue car les critères de régularisation ne sont pas clairs.

Il est 9h50 quand José* et Maria*, jeune couple de la trentaine entre tout sourire dans le bureau de Coraline, assistante sociale au service social (CAP Brabantia – Antenne Caritas International)… Mais derrière les sourires se cache l’angoisse d’un avenir incertain. Après avoir connu des violences dans leur pays d’origine, un long trajet d’exil et une demande de protection internationale soldée par un refus, ils se demandent ce qui les attend. « Que pouvons-nous faire maintenant ? » interroge Maria*, pleine d’espoir. Quand Coraline demande s’il est envisageable pour eux de rentrer dans leur pays d’origine, une lueur d’inquiétude apparait dans leurs yeux. Les mains se crispent, les jambes s’agitent. « Non, c’est impossible, nous ne pouvons pas retourner vivre dans cette violence » répond José*.

Une solution : demander la régularisation

Que faire maintenant ? Quels sont leurs droits ? Où vivre ? Comment travailler ? Toutes ces questions se bousculent dans leur tête. Après un examen précis de leur cas, une seule solution paraît possible : introduire une demande de régularisation de leur séjour pour raison humanitaire. « Mais je dois vous prévenir que la procédure dure longtemps et qu’il y a peu de chance qu’elle aboutisse » précise Coraline. « Il faut que vous collectiez un maximum d’éléments dans votre dossier de demande, qui prouvent que vous êtes de bonnes personnes, que vous pouvez apporter de bonnes choses à la Belgique, et que vous avez des attaches ici. »

Une demande basée sur des critères inconnus

Au-delà du temps et de l’argent à investir – 366 euros par personne pour introduire les dossiers, sans compter les frais additionnels – une fois la demande introduite, l’inconnue quant à son issue est totale : recevoir une réponse prend généralement 1 an, voire plus, et les critères sur lesquels l’Office des Étrangers base sa décision ne sont pas publics. « C’est un pouvoir de l’État de décider si vous avez droit à voir votre situation régularisée ou pas » explique Coraline, gênée de cette situation.

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Et entre temps ? Une vie sans papiers et pratiquement sans droits

José* et Maria* écoutent attentivement ce que leur dit Coraline ; ces informations sont cruciales pour leur futur. « Peut-on travailler entre temps ? » demande Maria*. « Non, selon la loi vous n’avez pas le droit de travailler », répond Coraline. Les visages du jeune couple se font sombres : « A-t-on droit à des aides alors ? Pour manger ? Pour se loger ? ». Coraline, désolée, explique « non, vous pouvez dormir chez des amis ou essayer de trouver vous-même un logement, mais sans titre de séjour c’est beaucoup plus compliqué. Pour manger, il y a des associations qui distribuent des colis alimentaires. ». Pour ce couple, c’est la douche froide.

Dans leur pays d’origine, ils avaient commencé des études d’ingénieurs industriels mais n’ont pas pu les finir car ils ont dû fuir. « En résumé, vous avez deux droits principaux : l’aide médicale urgente et le droit à être aidés gratuitement par un avocat », résume Coraline. « Pour l’aide médicale, il faut faire une demande auprès du CPAS de la commune dans laquelle vous résidez principalement. Faites-la bien à l’avance car si vous avez un problème médical, cela peut prendre longtemps pour que votre couverture médicale soit en ordre. Pour l’avocat, il existe un système qu’on appelle « pro deo », qui vous donne droit à l’assistance juridique. Mais tous les avocats ne font pas ça et ce n’est pas toujours facile à trouver, mais je peux vous aider à chercher. »

L’histoire de José* et Maria*, c’est celle de milliers de personnes

José* et Maria* sont loin d’être les seules personnes dans cette situation. En Belgique, on estime que 100.000 à 150.000 personnes vivent sans titre de séjour, pour diverses raisons, et souvent depuis plusieurs années. S’il leur est impensable de retourner dans leur pays d’origine, elles font alors le choix, par défaut, de rester vivre en Belgique « sans papier » et donc souvent sans droit ou presque. Chaque jour, certaines d’entre elles font appel à Caritas. Nous les informons et les accompagnons mais, sans connaitre les critères sur lesquels leur situation sera jugée, nous ne pouvons que les conseiller en fonction de notre expérience. C’est pourquoi nous appelons à des critères clairs et transparents et à une procédure accessible. Partagez cet appel, faites entendre la voix des sans voix comme José et Maria !



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