« Si j’ai le temps, je veux aider »

Caritas International Belgique « Si j’ai le temps, je veux aider »
13/03/2018

Les mineurs étrangers non accompagnés (MENA) arrivés il y a maintenant un an et demi sont à présent de jeunes adultes. Après 6 mois dans un studio de Caritas, ils font leurs premiers pas dans la vie d’adulte autonome en Belgique. Aujourd’hui pourtant, ils sont de retour à Caritas pour une après-midi de jeux et d’entraide avec les nouveaux-venus.

« Tu ne dois pas demander mon nom. Ici, tout le monde me connaît. » Abdel est arrivé le premier dans le projet Youth in Transit et a été accompagné jusqu’à sa majorité, c’est-à-dire, pendant un an et trois mois1. « J’ai vu beaucoup de choses changer. Aussi l’équipe de Caritas. Jourda, par exemple, était enceinte et aujourd’hui, elle a un bébé. »

Accompagnement vers l’autonomie

Le lien avec les accompagnateurs est clair : ils étaient leur point d’appui, leur refuge pour Abdel et les autres jeunes. Tous arrivés en terre étrangère, la tête pleine d’appréhensions, ils ont été accompagnés vers la vie en autonomie. Restée au pays, leur famille est petit à petit devenue souvenirs, images, vidéo ou sms.

« Mes parents sont arrivés en Belgique le 17 décembre dernier », continue Abdel. Ses parents et lui ont une longue et difficile procédure de regroupement familial derrière eux. Parler de leur présence ici est encore étrange pour lui. Comme si un morceau du passé avait sonné à la porte à l’improviste. Ici, c’est à Abdel de leur montrer le chemin.

« Expert d’expérience »

Bientôt, les nouveaux-venus du projet Youth in Transit aussi pourront faire appel à Abdel. Pour une visite guidée des commerçants, de l’hôtel de ville ou autres lieux publics importants à Liège. Mais aussi pour en savoir plus sur le regroupement familial, un sujet qu’il maîtrise depuis peu. « Mais uniquement pour l’Irak », ajoute-t-il. « Les éléments de la procédure peuvent varier selon les pays. »

« Un jeune qui a déjà vécu toutes ces étapes peut en soutenir d’autres et leur montrer une image réaliste », commente Sarah Trabelsi, accompagnatrice du projet. « Aujourd’hui, on sonde leur intérêt pour ça. Dans un second temps, nous leur proposerons une formation et des réunions régulières pour les soutenir dans ce nouveau rôle. » Si il y a déjà de nombreux contacts informels entre les jeunes, le projet se veut plus complet, plus abouti : « Le but n’est pas de devenir bons copains. Les ‘anciens’ deviendront le prolongement de notre équipe d’accompagnateurs. Ensemble, nous suivrons les nouveaux jeunes. »

Caritas International Belgique « Si j’ai le temps, je veux aider »
Tous ensemble, anciens MENA’s accompagnés par Caritas, les nouveaux-venus et l’équipe accompagnatrice de Caritas pour une après-midi de jeux et d’entraide.

Liège et Anvers

Les ‘anciens’ présents habitent presque tous à Liège. Une formation ou un emploi dans la ville les y ont gardés. Hasib, par exemple, suit une formation de mécanicien. « Pour apprendre à réparer les voitures », explique-t-il. Meraj, 19 ans, travaille, lui, dans un restaurant italien : « Personnellement, je préfère la cuisine afghane mais ce soir encore je préparerai des carpaccios. Je commence à 17h et termine vers minuit. Si j’ai le temps, je veux aider les nouveaux. »

Environ la moitié des jeunes qui ont quitté le projet sont restés à Liège. Les autres ont déménagés vers d’autres villes. Parce qu’ils ne trouvaient pas de travail ou de formation adéquate à Liège. Ou parce qu’ils avaient des amis ailleurs. Zakerullan habite Anvers depuis 1 mois, il y apprend le néerlandais et y travaille comme plongeur. « J’ai pris congé pour pouvoir venir », dit-il timidement, à moitié caché derrière son smartphone. Zakerullan est arrivé le premier cette après-midi, pile à 14h. Pourquoi a-t’il fait le trajet ? « Parce que Zahra m’a appelée », répond-il simplement. « Je suis content de revoir les accompagnateurs et d’être à Liège pour quelques heures. »

Une fortune en jetons

Selon l’opportunité et leur envie de prendre des risques ou pas, les jeunes misent des jetons sur UNO, Quatro, Blackjack ou d’autres jeux de société. Lorsque Zahra leur explique en introduction que les jetons valent au total 200 « euros », les jeunes éclatent de rire. « Je les utiliserais autrement ! »

Sarah slalome entre les tables de jeux, armée de papiers afin d’inscrire les anciens qui souhaitent soutenir les nouveaux. Pour chacun d’entre eux, elle a un conseil ou un mot gentil : « J’ai trouvé une formation où le niveau de français n’est pas un problème », dit-elle à l’un. « Va voir ! ». Le bien-être des ‘anciens’ aussi continue à intéresser ces accompagnateurs motivés : « Ils peuvent toujours nous appeler. »

Tous gagnants

L’après-midi était un succès pour les fans de jeux de société ET pour l’avenir du projet. Des 13 ‘anciens’ présents, 10 se sont dits prêts à aider les nouveaux. Le rôle de chacun doit encore être précisé dans une prochaine et première réunion, sans jeux cette fois, mais avec le même enthousiasme. Un engagement personnel et un accompagnement sur mesure sont les clés d’une intégration réussie. Les murs qu’ils doivent franchir ensemble se sont transformés et deviennent une véritable maison partagée, un chez-soi.



1

Notons tout de même que la durée d’accompagnement des MENA dans le cadre du projet Youth in Transit est fixée à un maximum de 6 mois. Caritas propose un soutien à taille humaine et analyse chaque demandes avec toutes ses individualités. Ceci explique qu’Abdel ait été accompagné pour une plus longue durée.

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