Réduire les catastrophes en limitant les risques (RRC)

Réduire les catastrophes en limitant les risques (RRC)

Isabel Corthier - Au Burundi, Caritas International soutient les groupes d'épargne et de crédit. Les réserves financières et l'accès aux petits crédits permettent à la population d’être plus résistante aux situations de crises.

Une analyse de l’Organisation météorologique mondiale des Nations unies[1] publiée le 1er septembre 2021 le confirme une fois de plus : le nombre de catastrophes causées par des conditions météorologiques extrêmes augmente de façon alarmante. Elle a été multipliée par cinq entre 1970 et 2019. Il y a tout de même des nouvelles encourageantes : le nombre de décès est passé de 50.000 par an dans les années 1970 à moins de 20.000 par an au cours de la dernière décennie. Coïncidence ?

Mesures préventives

Au fil des années, l’aide humanitaire a beaucoup évolué quant à la gestion des situations de catastrophe. Le réseau mondial de Caritas n’y fait pas exception : aujourd’hui, les Caritas ne se contentent pas d’assurer la survie des survivant-e-s, grâce à l’aide d’urgence, elles travaillent aussi avec les populations pour réduire, si possible, le risque de futures catastrophes et pour ainsi limiter l’impact des crises.

« Il s’agit donc d’aller au-delà de l’apport de nourriture, d’eau ou d’abris temporaires sur les lieux d’une catastrophe», explique  Jean-Yves Terlinden, référent en Réduction des risques de catastrophe (RRC) de Caritas International. « Le RRC réunit les membres d’une communauté pour analyser les menaces éventuelles et élaborer des solutions. L’expérience que les populations locales ont acquise années après années joue un rôle majeur. »

Selon l’étude susmentionnée, le fait que l’assistance ne se limite plus à répondre aux besoins immédiats, mais inclut aussi une approche préventive de la réduction des risques a sans aucun doute permis de réduire le nombre de décès dans des conditions météorologiques extrêmes aujourd’hui. C’est donc loin d’être une coïncidence mais bien le fruit d’une expertise de terrain en constante évolution.

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Des priorités à l’échelle internationale : le cadre d’action de Sendai

Caritas International fonde sa stratégie d’intervention humanitaire sur les priorités 1, 3 et 4 de ce que l’on appelle le Cadre de Sendai (Accord international des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes)[2].

  • Priorité 1 : comprendre les risques de catastrophes.
  • Priorité 3 : investir dans la réduction des risques de catastrophe aux fins de la résilience.
  • Priorité 4 : renforcer l’état de préparation aux catastrophes pour intervenir de manière efficace et pour « mieux reconstruire » durant la phase de relèvement, de remise en état et de reconstruction.

Catastrophes naturelles et causées par les humains

Le RRC limite non seulement la perte de vies humaines, de moyens de subsistance et de santé lors d’événements climatiques extrêmes, mais aussi lors de tremblements de terre ou d’épidémies, voire lors de conflits, bien que ce dernier point ne soit pas encore acquis.

« Un exemple concret de cette approche est notre programme dans la province du Sud-Kivu en RD Congo, une zone de conflit », explique Grégory Claus, responsable de projets dans la région des Grands Lacs. « Cette région doit aussi souvent faire face àde fortes précipitations et à des vents violents. Depuis 2018, à l’initiative de Caritas International, un système d’alerte humanitaire a été mis en place avec la coopération du réseau local de Caritas et des communautés locales. En cas de problèmes ou de catastrophes imminentes, une « alerte éclair » est envoyée aux différents acteurs et organismes concernés afin d’apporter une solution dans les plus brefs délais. Il peut par exemple s’agir d’une rivière qui déborde, d’un conflit local qui menace de devenir incontrôlable, d’une nouvelle épidémie alarmante de choléra. »

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Caritas International Belgique Réduire les catastrophes en limitant les risques (RRC)© Caritas Liban – La réduction des risques incombe aussi au gouvernement qui aurait pu empêcher l’explosion à Beyrouth. Caritas s’efforce d’améliorer les soins médicaux et de les rendre plus accessibles dans ce pays appauvri.

Une approche multifacette

Un système d’alerte est un moyen, pas une fin en soi. Bien d’autres choses sont mises en place. En réduisant l’exploitation forestière et en reboisant des collines, nous luttons contre l’érosion et réduisons le risque d’inondation. Les activités de consolidation de la paix favorisent la compréhension entre les différents groupes et empêchent l’escalade des conflits. Et si une situation de crise se présente, comme une mauvaise récolte par exemple, le fait que les gens aient aussi un revenu en dehors de l’agriculture permet d’atténuer l’impact de la catastrophe. La formation des secouristes, les exercices de simulation, un plan de catastrophe élaboré… sont autant d’éléments qui garantissent une intervention rapide et efficace en cas d’inondation et permettent de limite les dégâts.

Sensibilisation et défense des politiques

Grâce à son expertise, Caritas International veut contribuer à une meilleure compréhension des questions humanitaires auprès du public et plaider auprès des décideurs/euses pour des politiques et des financements appropriés. Avec des partenaires locaux, belges et internationaux, nous promouvons le respect des principes et de la législation humanitaires ainsi que des droits des victimes. Nous demandons un financement meilleur et plus flexible pour les ONG et une approche intégrée liant les questions humanitaires, le développement et la consolidation de la paix. Nous participons aussi activement à des plateformes et des réseaux qui promeuvent les mêmes objectifs.

À cet égard, VOICE est un partenaire international clé[3]. VOICE, qui signifie « Voluntary Organisations in Cooperation in Emergencies », est un réseau d’ONG qui promeut une aide humanitaire efficace dans le monde entier depuis 1992. Il est le principal interlocuteur des ONG auprès de l’Union européenne dans le domaine de l’aide d’urgence et de la réduction des risques de catastrophes, et il promeut les valeurs de ses 86 organisations membres, donc Caritas.

Vous pouvez aussi aider !

Les catastrophes humanitaires font des millions de victimes dans le monde. Lorsqu’une crise frappe, il est impératif d’agir rapidement et de protéger les personnes survivantes : arrêter la famine, faire en sorte que l’eau potable soit à nouveau disponible pour que les gens ne meurent pas de soif et pour s’assurer que les maladies arrêtent de se propager. Une réponse rapide et immédiate n’est possible que grâce à notre Fonds de secours d’urgence. Elle nous permet de travailler immédiatement avec le réseau international de Caritas et de ne pas avoir à attendre qu’une campagne de collecte de fonds porte ses fruits. Les médias montrent souvent uniquement la distribution de biens de première nécessité, de logements et l’assistance médicale, sachez que votre soutien financier contribue aussi à réduire les risques et à accroître la résilience des personnes !

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[1] WMO, Atlas of mortality and economic losses from weather, climate and water extremes (1970–2019), 2021, consulté 06/10/2021.

[2] ONU, Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015 – 2030, mars 2015, consulté 06/10/2021.

[3] Plus d’informations sur VOICE sur www.voiceeu.org