Ambitieux, l’accord de la COP21 ?

Caritas International Belgique Ambitieux, l’accord de la COP21 ?
Caritas International Belgique Ambitieux, l’accord de la COP21 ?
17/12/2015

Après treize jours de négociations, 195 pays ont enfin adopté un accord mondial, présenté comme historique et très ambitieux, pour limiter le réchauffement climatique. Les mobilisations de masse, les marches pacifiques, les manifestations plus nerveuses n’y sont peut-être pas pour rien. La voix des peuples a t’elle été entendue ?

Pour les états insulaires surtout, et pour l’ensemble de la planète en général, il était essentiel que les accords du Bourget mettent en place des mesures rassurantes et les plus contraignantes possibles, pour limiter la hausse du réchauffement climatique à moins de 2°C. Les plus optimistes espéraient même le plafonner à 1,5°C d’ici 2100. Car nombreux sont ceux qui y voient purement et simplement un enjeu de survie. Pour éviter que des îles entières ne disparaissent de la carte à cause de la montée des eaux et que les pays du Sud ne continuent de payer le lourd tribut des effets de l’industrialisation des pays du Nord.

Les négociations avaient été précédées d’une forte mobilisation citoyenne, malgré les interdictions de marcher dans les rues de Paris suite aux attentats du 13 novembre. « Nous devons montrer que nous sommes plus déterminés que jamais à relever les défis auxquels l’humanité fait face, motivés par l’espoir et non par la peur », avait confié Emma Ruby-Sachs, directrice exécutive d’Avaaz aux journalistes du journal Le Monde.

Une maison commune

Heureuses des mesures prises lors du sommet, les associations catholiques, et le réseau Caritas en particulier se disent pourtant quelque peu déçues que celui-ci n’ait pas une résonnance plus humaine. « Nous pensons que l’accord manque encore d’ambitions et n’offre pas encore une solution durable à l’urgence mondiale qui affecte des millions de personnes vulnérables de par le monde. Alors que les liens entre changement climatique, éradication de la pauvreté et accès à un développement équitable ont été clairement établis, il est regrettable que les droits humains ne soient pas au cœur de l’accord», exprime Michel Roy, Secrétaire général de Caritas Internationalis.

En effet, l’accord ne mettrait pas suffisamment en exergue des questions de sécurité alimentaire et de protection des terres cultivables. Le pape François a lui-même, lors de son dernier Angélus, exhorté la communauté internationale à « poursuivre le chemin accompli avec zèle, dans le signe d’une solidarité qui soit encore plus concrète » et de porter « une attention particulière envers les populations les plus vulnérables ».

 

Dans sa première encyclique ‘Laudato Si’’, déjà, le pape avait décidé d’aborder les liens entre environnement et justice sociale. Il s’adressait  aux croyants et non croyants avec  un message important : il est temps de s’attaquer aux inégalités entre riches et pauvres dans le respect des ressources limitées de notre planète. C’est la dignité humaine des peuples qui est en jeu. « Nous n’avons jamais autant maltraité ni fait de mal à notre maison commune qu’en ces deux dernières siècles », écrit le pape François dans sa lettre. « Quel genre de monde voulons-nous laisser à ceux qui nous succèdent, aux enfants qui grandissent ? » Mais les conséquences ne sont pas qu’à prévoir pour l’avenir, les stigmates du réchauffement climatique sont déjà bien visibles aujourd’hui.

Les stigmates visibles – l’exemple de l’Ethiopie

Les changements climatiques, et le phénomène El Niño (le réchauffement de l’Océan Pacifique) en particulier, ont un impact majeur sur la disponibilité d’eau et de nourriture. Ils touchent surtout les communautés situées dans des zones chaudes où les terres cultivables et l’accès à l’eau sont limités. L’Ethiopie est l’un de ces pays. Enclavée dans la Corne d’Afrique entre l’Erythrée, le Djibouti, la Somalie, le Kenya et le Soudan, elle souffre d’importantes périodes de sécheresse. Au Tigray Oriental par exemple, une région très touchée par la sécheresse, la zone de plantation s’est réduite à peau de chagrin ces cinq dernières années. Et le manque de précipitations et de pâturages a pour conséquence une diminution importante des récoltes. Un large pourcentage de la population a été ainsi exposé à l’insécurité alimentaire et à la faim.

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