Accueil individuel : suite… et fin

Caritas International Belgique Accueil individuel : suite… et fin

Isabel Corthier

Isabel Corthier

26/07/2017

Les cœurs étaient lourds. Tant du côté des familles de demandeurs d’asile logées dans le réseau de Caritas que celui de nos équipes. Après 18 ans d’activité, notre accueil en logements individuels pour familles demandeuses d’asile touche à sa fin.

600 personnes déménagées

Florence Lobert, responsable du service Accueil de Caritas revient sur le travail accompli ces dernières semaines malgré des circonstances difficiles : « Nous avons dû transférer 150 familles représentant environs 600 personnes, pour la plupart, vers des initiatives locales d’accueil gérées par les CPAS. Il a fallu faire comprendre aux familles et parfois, tenter de les convaincre, qu’elles devaient quitter leur logement. Des familles qui ne comprennent pas forcement les raisons pour lesquelles elles doivent déménager alors qu’elles avaient trouvé leurs nouveaux repères là où Caritas les hébergeait et les accompagnait. »

Derrière ces transferts ? Une décision des autorités belges de changer le modèle d’accueil.

L’effet ? Une réduction drastique du nombre de places d’accueil pour les demandeurs d’asile et la fin d’un modèle, en lequel Caritas et ses partenaires croyaient pourtant de toutes leurs forces, celui du logement individuel.

1999-2017 : 18 ans d’expertise

Défendu par Caritas lors de la crise de l’accueil en 1999, en complémentarité de l’accueil collectif, l’accueil en logements individuels des demandeurs d’asile se voulait avant tout à taille humaine. Il offrait aux demandeurs d’asile ainsi hébergés la garantie de conserver leur autonomie et leur vie privée. Sur le court et long terme, cet accueil protégeait leur vie de famille et favorisait leur intégration dans la société belge. Tout en étant plus économique pour la collectivité.

Au début de l’année 2016, Caritas accueillait encore près de 1.000 personnes de cette manière. Au-delà d’un logement, l’aide s’organisait de manière globale. Elle pouvait aller de l’accompagnement juridico-social ou psychologique à un soutien administratif, en passant par une aide à l’intégration, à la scolarisation des enfants ou à l’apprentissage du français.

Caritas International Belgique Accueil individuel : suite… et fin
Famille d’origine arménienne, demandeur d’asile, accueillie dans nos logements individuels.

Une page qui se tourne

Le 30 juin 2017, une page s’est tournée pour le service accueil des demandeurs d’asile de Caritas International et de ses partenaires. Presque toutes les places individuelles – qui ont accueilli au fil des ans des milliers de personnes durant l’examen de leur procédure d’asile et jusque-là gérées par Caritas et les ONG partenaires de l’accueil individuel – disparaissent.

Caritas International continuera néanmoins d’accueillir des demandeurs d’asile, en plus petit nombre et en se concentrant sur les profils très vulnérables [1]. « Dans le nouveau modèle d’accueil, le logement individuel n’est plus destiné qu’aux réfugiés reconnus ou aux personnes ayant une probabilité élevée d’être reconnues. Nous nous inquiétons que des demandeurs d’asile ne répondant pas à suffisamment de critères de vulnérabilité risquent – si la procédure dure – de rester longtemps dans les centres d’accueil. Ce qui est déstructurant pour eux et peut entraîner différentes pathologies psychologiques. »

Une fin au logement individuel, pas à notre engagement

Malgré ces évolutions douloureuses, les équipes de Caritas ont fait preuve de professionnalisme et d’engagement afin de terminer l’accompagnement sur mesure de chacune des personnes logées dans le réseau de Caritas. « Un modèle d’accueil en lequel nous croyons toujours. Nos 18 années d’accompagnement n’ont fait que confirmer son importance pour garantir la dignité et l’autonomie de chaque demandeur d’asile », conclut Florence Lobert.

 



[1]

Les demandeurs d’asile ‘vulnérables’ sont, par exemple, les mineurs non accompagnés, les parents isolés accompagnés de leur(s) enfant(s), les personnes handicapées, les personnes âgées, les femmes enceintes, les victimes de la traite des êtres humains et les personnes qui ont été victimes de tortures ou d’autres formes de violence (psychologique, physique ou sexuelle).

Actualités associées

Toutes les actualités